l'opéra bègue
théâtre musical
C’est en relisant La métamorphose de Kafka que Dominique Roodthooft a eu l’idée de ce spectacle, de son titre : L’opéra bègue. Opéra, théâtre : les lieux du bien chanter, du bien parler ; bègue : qui a un trouble de la parole.
L’opéra bègue : un oratorio intime, une cantate impossible, une opérette tragique, un secret chuchoté, une peur de raconter, une comédie musicale humaniste etc. Dans la fable de Kafka, un jeune homme, Gregor Samsa se réveille après une nuit agitée, tel qu’il n’était pas la veille, changé en cancrelat. Rien ne va plus. La famille (bourgeoise) se déchire. Le retour au calme, à la paix, à l’unité apparente n’aura lieu que dans la destruction de « l’insecte monstrueux ». L’opéra bègue, c’est presque la même chose. Au début en tout cas. Sauf que la famille est modeste (le père est comptable, la mère, au foyer) et que la métamorphose n’est pas exactement une métamorphose. Ce n’est d’ailleurs pas un matin que l’histoire commence, mais la veille du mariage de la fille de la famille. Qui remarque qu’un arbre lui pousse dans la bouche. D’abord juste les racines dans la gorge et une petite feuille. Mais déjà la parole se dérègle et le mariage doit être reporté. Les jours passent, les saisons idem, printemps, été, automne, hiver etc. L’arbre continue sa croissance, se met à sortir de la bouche de la fille, qui ne peut plus parler, bouger, doit rester couchée. La famille apprend à vivre avec. A vivre mieux avec que sans, mieux maintenant qu’avant. Avec plus d’humanité, d’amour entre eux. D’oiseaux dans la maison. Et de chansons. Car les bègues ne bégaient pas quand ils chantent…
De Pieter De Buysser, Dominque Roodthooft et Dick Van der Arst
« On a peut-être gardé les vaches ensemble mais on a pas la même soustraction »
Jean-Claude (extrait de la devinière).
production
le corridor(Liège) / Het Muziek Lod (Gent) / le Théâtre de la Place (Liège)
Avec le soutien de : La Fédération Wallonie-Bruxelles / Service du Théâtre et le Centre des Arts Scéniques
création et diffusion
décembre 2004 : Théâtre de la Place - Liège
janvier et février 2005 : Maison de la culture - Tournai / Centre culturel de Bruges / Maison de la culture de Courtrai / Minnemeers - Gand / L'aire libre - Saint-Jacques de la Lande
22 représentations
distribution
Musique : Dick van der Harst
Texte : Pieter De Buysser
Conception et mise en scène : Dominique Roodthooft
Interprétation et chants : Paola Bartoletti, Vincent Cahay, Jean-Luc Couchard, Didier De Neck et Anne-Cécile Vandalem
Interprétation musicale : Kurt Budé (clarinette basse), Jean-Philippe Poncin (clarinette) et Peter Van Cleemput (basson)
Scénographie : Philippe Henry
Costumes : Philippe Henry et Claudine Grinwins
Lumière : Laurent Kaye
Assistance à la mise en scène : Estelle Franco
Dramaturgie : Ellen Stynen
Délégué de production : Bram De Cock
Traduction : Anne Vanderschueren
Technique : Pino Etz
presse
(...) "L'Opéra bègue" est une fable sur la différence, la tolérance, l'écoute ("On ne l'a peut-être jamais comprise, avec ses mots toujours brisés" , s'interroge le frère d'Isis), sur la folie comme acte de résistance, sur la parole abîmée. (...)
(...) "L'Opéra bègue" se situe à la croisée du théâtre, de l'opéra, de la comédie musicale et des arts de la rue. Les comédiens alternent avec la même aisance les paroles dites et chantées, les musiciens se promènent librement, tels une mini-fanfare. Si la pièce se déroule chronologiquement, en trois actes et cinq scènes, elle est loin d'être classique. Le tragique côtoie le burlesque - accentués par la musique -, et le cynisme la tendresse. On peut ne pas aimer, mais il est difficile de rester insensible (...)
La libre Belgique, le 06 décembre 2005, Sophie Lebrun
(...) Un ovni, loufoque, poétique, un peu amer, louchant vers la comédie musicale plus que l'opéra, où l'on s'égare parfois parce que bien des chemins peuvent naître de cette fable, où l'on rit souvent, mais où des ramures souterraines vous chatouillent les méninges... Parce que, selon nos trois auteurs, le bégaiement est une parole en devenir, un mouvement qui perturbe les relations avec l'autre, et qui du même coup le force à écouter autrement, un révélateur qui secoue le ronron : la cellule familiale se métamorphose, père et mère se redécouvrent, se caressent, laissent entrer l'eau et la lumière dans leur salon, écoutent les oiseaux (...)
Le Soir, le 6 décembre 2004, Michèle Friche
(...) Dans un méli-mélo de chant et de paroles, soutenus ou ponctués par un trio de musiciens (clarinettes et bassons), sur une multitude de matelas écrus empilés (scénographie de Philippe Henry, dorée sous les lumières de Laurent Kaye), l'histoire foisonne en tous sens, burlesque et troublante. Au-delà de l'anecdote surréaliste, bien des questions et réflexions surgissent: c'est quoi cet arbre? La peur du mariage? Une difficulté de se faire entendre, à son propre rythme? Une résistance? Un choc salvateur? Au choix et tout à la fois - au risque de perdre parfois le spectateur-, mais dans un ludisme de la forme réjouissant, bourré de clins d'oeil musicaux et dramaturgiques, avec des comédiens formidables, qui ont ici réalisé un vrai travail vocal et physique (pas simple de virevolter sur des matelas mous!): Paola Bartoletti, Anne-Cécile Vandalem, Didier de Neck, Vincent Cahay et un inénarrable Jean-Luc Couchard ! (...)
Le Vif, l'express, le 10 décembre 2004,
(...) En choisissant le théâtre musical pour présenter cette fable originale, trois artistes ont créé un spectacle qui étonne, interroge et bouleverse. Tous trois ont un souci aigu d'authenticité, un profond souhait de toucher de près la pensée et les sentiments, bien au-delà de l'anecdote (...)
Le Courrier de l'Escaut, le 13 janvier 2005, Françoise Lison
(...) La case, où pourrait rentrer « L'opéra bègue » reste donc à inventer. A moins que cet ovni belge soit réellement unique en son genre. On comprendrait mieux, alors, en ressorti à la fois groggy et réjoui de tant d'audace (...)
Ouest France, le 5 février 2005, Benoît Le Breton
revue de presse
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