smatch(2)
Push up daisies (ou) manger les pissenlits par la racine?
conférence-performance
Push up daisies (faire pousser les pâquerettes) (ou) manger les pissenlits par la racine ?... signifie en anglais comme en français « être mort et enterré ».
Nous vivons dans une période spectrale, dans laquelle la mort, et la finitude de l'homme sont sans cesse énoncées et à certains endroits, consciemment planifiées. Dans SMATCH[2], nous passons par le relation sensible de l'homme aux végétaux et à la terre pour parler de la question de la vie même de l'homme et de son déracinement. Jardiner à la recherche de signes de vie en partant du milieu, afin de ne perdre ni les morts, ni les vivants. Le point de départ est un film où l'on voit, dans une chambre d'hôpital en Angleterre, un vieux monsieur caresser un âne dans le silence, pendant 8 minutes. C'est cette relation sensible de l'homme à la culture qui est explorée. Sa rupture avec l'expérience de la nature. L'écriture est basée sur des documents ou expériences scientifiques (un élevage de lombrics sur le plateau, une distillation de fruits récoltés avec une vieille casserole à pression, …), des récits populaires, la rencontre avec un âne qui favorise l'émergence de la mémoire, une ode à la pomme de terre, au vent ou au vers de terre.
Nous sommes toujours dans un lieu de travail. Le mobilier de laboratoire de SMATCH [1] est aménagé pour devenir une « arrière-cuisine-buanderie » liée aux activités de la campagne, en relation à la nature, là où la culture et la nature font bon ménage: un lieu de travail où rien ne se perd, un lieu de fabrication où l'on conserve, lave, recycle et transforme.
« Les jardins qui embellissent notre Eden mortel sont la meilleure justification qui soit de la présence des humains sur terre. Là où l'histoire déclenche ses forces destructrices et d'anéantissement, il nous faut pour préserver notre santé mentale, sans parler de notre humanité, travailler contre elles et malgré elles rechercher les forces apaisantes et réparatrices et les laisser se développer en nous. C'est cela cultiver notre jardin. Sous la plume de Voltaire, l'adjectif possessif notre désigne le monde que nous partageons. Un monde pluriel prenant les formes que lui donne l'action humaine. En somme "notre jardin", n'est pas le lieu d'intérêts privés où chacun pourrait s'échapper du réel; "notre jardin" c'est ce lopin de terre inscrit dans un sol, en soi ou dans le collectif, où l'on cultive les vertus culturelles, éthiques et civiques qui sauvent la réalité de ses pires pulsions.»
"Robert Harrison : Forêts —
Réflexions sur la condition humaine." Editions Champs/Flammarion
production
le corridor
Kunstenfestivaldesarts, Bruxelles
Théâtre de la Place, Regiothéatre o Regiodanse, Liège
Théâtre des Tanneurs, Bruxelles
KVS, Bruxelles
Avec l'aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles / Service Théâtre et de la Région Wallonne
Avec le soutien de l'Hippodrome de Douai et de la Ville de Liège
création et diffusion
mai 2011: Kunstenfestivaldesarts - Bruxelles
août 2011: Festival Mladi Levi - Ljubljana (Slovénie)
novembre 2011: Hippodrome, scène nationale de Douai
novembre 2011: Centre culturel de Hasselt
novembre-décembre 2011: Théâtre de la Place - Liège
décembre 2011: Centre culturel d'Eupen
décembre 2011: Theater aan het Vrijthof - Maastricht
spectacle reconnu dans le cadre des tournées Art & Vie
distribution
Conception : Dominique Roodthooft
Par et/ou avec: Didier de Neck, Lotte Heijtenis, Dominique Roodthooft, Mieke Verdin, Gordon Wilson
Violon, violon sabot et basse-aux-pieds: Stefaan Smagghe
Dramaturgie: Vinciane Despret
Aide à la dramaturgie:
Patrick Corillon, Jean-Bastien Tinant
Composition musicale : Thomas Smetryns
Films: Sarah Vanagt (réalisation), Maxime Coton (son), Thomas Djekic et Anaëlle Marisa (chants)
Son, lumière, video, machinerie plateau et régie : Joël Bosmans, Pierre Kissling et Raoul Lhermitte
Aide à la scénographie : Claudine Maus, Valérie Perin, Marie Lovenberg et Cécile Sacré
presse
Broyer et s'accorder, le paradoxe de «Smatch»
«Push up daisies (ou) manger les pissenlits par la racine ?» est le sous-titre de «Smatch[2]» qui cette fois, s'axe davantage sur la nature, le végétal, et où la conceptrice cherche à éviter le simplisme, à nous ouvrir à tous les aspects de la vie qui ignorent la vision binaire ou abstraite du monde. Pour ne pas se contenter d'une indignation impuissante devant les images terrifiantes de la destruction d'une forêt séculaire. La scène sera d'ailleurs figurée - et filmée en direct - par un champ de brocolis décimés au couteau électrique.
C'est l'un des clins d'œil dont regorge le spectacle qui, pour autant, ne se réduit jamais à l'anecdote.
…
Dans les mélanges livrés ici, un théâtre neuf jaillit. Hors de la fiction, loin du jeu, mais au plus près de la transmission. En empruntant des propos, des concepts, des extraits de conférences (entre autre de Gilles Clément et son «Tiers Paysage», de Robert Harisson et son essai sur la survivance des forêts dans l'imaginaire occidental, du botaniste et biologiste Francis Hallé, spécialiste de l'écologie et des forêts tropicales humides…), Dominique Roodthooft réussit néanmoins une construction - quoiqu'encore fragile - surpasse la somme des parties. Une mosaïque cohérente qui n'oublie jamais la dérision. Une plongée concrète et poétique dans la pensée de ce qui nous fonde et que si souvent nous oublions.
La Libre Belgique, Marie Baudet, 19/05/11
De la sagesse de la pomme et du ver de terre
Dans le domaine de la performance ludique et intelligente, Dominique Roodthooft est un sacré cordon-bleu. Sa spécialité? Cuisiner en nous un certain optimisme critique.
...
Qu'on se rassure: loin des discours parfois lancinants et univoques, Smatch[2] expérimente, entrouvre des horizons inexplorés, cherche des endroits où inventer plutôt que dénoncer. Aux images chocs d'Al Gore et autres Yann-Arthus Bertrand sur l'état de notre «belle Terre», Dominique Roodthooft préfère mettre en scène la pomme de terre ou le ver de terre.
…
Tout est à l'avenant, nous prenant sans cesse par surprise au fil des discours philosophiques. On y croise une femme-arbre. On y interroge la volonté d'une pomme de terre. On y rencontre un âne thérapeute pour vieillards. On y apprend la fabrication des «seed bombs» (grenades de semences) et on y fabrique tornades, volcans et tsunamis. Le rapport entre la nature et la culture y est central, qu'on y parle de plantes vagabondes ou des pets de fromage. Comme quoi la biodiversité, ça pousse aussi sur les planches.
Le Soir, Catherine Markereel, 19/05/11
revue de presse
la vidéo
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